C’est une annonce que les fans n’espéraient plus, et pourtant… Berserk sera bel et bien de retour ! On vous dit tout !
Le 20 mai 2021, les fans du monde entier pleuraient le décès brutal de Kentaro Miura, auteur de Berserk. Au-delà de la perte d’un maître du manga, cette nouvelle rendait totalement incertain l’avenir du manga Berserk, publié depuis 1990. Depuis, plusieurs rumeurs annonçant le retour de l’œuvre ont circulé, mais aucune d’elles n’avait été officialisée par l’éditeur japonais Hakusensha,jusqu'à celle-ci..
Ce mardi 7 juin, dans un communiqué publié sur Twitter, Kouji Mori a annoncé la reprise du manga.
En effet, l’éditeur de Berserk raconte qu’avant son décès, Kentaro Miura avait confié à Kôji Mori, l’histoire à laquelle il pensait pour la suite de la série. Qui plus est, Miura avait pris soin de laisser des notes sur la suite de l’intrigue, ainsi que différentes ébauches de designs.
C’est le studio Gaga qui se chargera de produire la suite de Berserk. Le studio, créé par Kentaro Miura et ses assistants en 2019, avait pu s’entraîner à reproduire le style du maître au point de proposer quelque chose de très similaire.
D'autre part, c’est Kouji Mori qui supervisera le projet. Et c’est probablement la personne la plus à même de superviser ce retour et cette suite.
Kouji Mori est en réalité le meilleur ami de Kentaro Miura. Ils se connaissaient depuis le collège et partageaient la même passion du manga. Kouji est d’ailleurs l’auteur de Suicide Island, Holyland et Genesis. Pour la petite anecdote, Kouji fait partie des personnes qui ont inspiré Miura dans la création de Berserk.
La relation de Kouji Mori et de Kentaro Miura a en fait servi de base pour créer celle qui lie Griffith à Guts. Des auteurs qui s’appréciaient, qui se jalousaient, au point parfois de se détester.
Et si l’on pousse le vice, qu’on cherche le « fun »-fact macabre… Kouji Mori, à l’instar de Griffith, a tenté de se suicider pensant que sa carrière était un échec…
Le communiqué, publié sur Twitter, en compte en réalité deux. Le premier a été rédigé par l’équipe éditoriale du magazine de prépublication Young Animal,tandis que le second est une prise de parole de la part de Kôji Mori.
À nos lecteurs,
Nous reprendrons la sérialisation de Berserk.
Veuillez accepter nos excuses pour la longue attente avant cette cette annonce.
Nous avons lu autant de vos commentaires que possible pour le « Dai Berserk-ten (La grande exposition Berserk) », « Young Animal Memorial Issue (Young Animal 2021 No.18) » et le tome 41 de Berserk. Et nous vous sommes extrêmement reconnaissants pour chacun de vos mots et pour les messages que vous nous avez envoyés par le biais des médias sociaux. Nous sommes vraiment touchés par l’amour que vous avez tous pour Berserk et par l’influence qu’il a eue sur vos vies. Il est vraiment triste que Kentaro Miura lui-même ne soit pas là pour lire vos commentaires avec nous.
Avant son décès, Kentaro Miura a parlé à son ami proche Kouji Mori des histoires et des épisodes qu’il avait en tête pour Berserk. Il a également eu des discussions similaires avec son personnel de studio et son rédacteur en chef. Il s’est demandé si tout le monde serait surpris si il dessinait quelque chose comme ça ? Que diriez-vous d’un personnage comme celui-ci ? Ce scénario serait-il intéressant ? Ces questions n’étaient pas destinés à être ses derniers mots, mais faisaient partie de son quotidien en tant qu’artiste de manga.
Un tel quotidien a duré plus d’un quart de siècle. Nos esprits et nos cœurs sont toujours remplis des pensées que M. Miura a partagé avec nous pendant cette période. Nous avons également trouvé des notes d’idées qu’il a écrites et des dessins pour des personnages qu’il a dessinés et laissés derrière lui.
Nous étions réticents à mettre fin à son histoire sans les partager avec ses fans. Notre espoir est que tout le monde lise le dernier épisode que nous avons mis en place, jusqu’à la toute dernière case.
Après la reprise de la série, notre équipe de production a décidé d’une politique de base. « M. Miura l’a dit. » Et c’est ce que l’équipe de production a gardé à l’esprit.
Comme il n’a pas laissé de brouillons [de storyboard], il nous est impossible de créer un manuscrit exactement comme il l’aurait prévu. Cependant, nous allons écrire le manga afin de ne pas nous écarter des propres mots de M. Miura. Nous aimerions prendre le « Kentaro Miura » que nous connaissions si affectueusement à travers nos conversations et notre travail et vous le transmettre à tous d’une manière sincère.
Nous pensons que cette politique, bien qu’imparfaite, est le meilleur moyen de livrer le Berserk que M. Miura a imaginé à tout le monde aussi fidèlement que possible.
Les crédits après la reprise seront « Œuvre originale de Kentaro Miura, Manga de Studio Gaga, supervisé par Kouji Mori », et la numérotation des livres de manga se poursuivra dans l’ordre.
Avec le recul, le premier volume de Berserk a été publié en 1990 avec 28 000 exemplaires publiés pour la première édition. Ce n’était pas un succès immédiat et seul un petit groupe de personnes le savait. Néanmoins, il a attiré de fervents fans et a pu retenir leur intérêt parce que les gens pouvaient sentir que le désir de M. Miura d’affiner son métier. Après un certain temps, Berserk est devenu un énorme succès grâce aux efforts extraordinaires de M. Miura et une bonne chance. Aujourd’hui, le premier volume a été lu par 2 millions de personnes à travers le monde. Nous pensons que Berserk a touché le cœur de nombreux fans, et M. Miura serait heureux de savoir que ses pensées ont eu une grande influence sur la vie et le travail des gens. Nous espérons que tout le monde continuera à avoir le même lien avec Berserk dans les chapitres à venir.
Merci à tous les fans qui nous ont envoyé des messages. Nous sommes également reconnaissants aux nombreux fans qui ont discrètement soutenu le manga à travers leurs pensées. Chacun de vous sera la source de notre énergie au fur et à mesure que nous avancerons.
Nous vous sommes vraiment reconnaissants à tous.
Juin 2022. Le département éditorial du Young Animal.
Il y a 30 ans environ, Miura m’a demandé de venir dans son atelier : « Tu peux me donner ton avis sur mon brouillon ? » Habitué aux sollicitations de ce type, je m’y suis rendu avec le cœur léger. À mon arrivée, il m’a dit d’un air plus grave que d’habitude : « Il faut enfin entreprendre le chapitre de l’Occultation ». J’ai compris le sérieux de la situation, mais je n’imaginais alors pas du tout que je devrais y rester confiné pendant une bonne semaine… Je suis certain qu’à cet instant précis, l’histoire de « BERSERK » s’est construite de manière définitive jusqu’à sa fin. À ma grande surprise, la suite de l’histoire s’est déroulée comme il l’avait alors imaginée, sans modification importante, bien que nous ayons eu maintes discussions à l’occasion de chaque épisode clé. Depuis que nous étions tous les deux étudiants, la discussion était la base pour avancer l’histoire.
Ceux qui ont l’intuition peuvent déjà deviner la suite : en effet, je connais l’histoire de « BERSERK » jusqu’à sa fin.
Mais cela ne signifie pas que je suis capable de le dessiner : ce chef d’œuvre ne peut être sorti que de la main du génie Kentaro Miura. Cependant, je ressens une grande responsabilité à assumer. Miura m’a dit de son vivant :
« Tu es la seule personne à qui j’ai confié l’histoire jusqu’à la fin ».
Et c’était la vérité. Avec une telle responsabilité trop lourde, je me demandais : « je pourrais dévoiler cette histoire dans une interview ou autres destinés à ses lecteurs, sinon par la publication d’un texte illustré ? Mais tout cela ne me suffirait pas de transmettre l’ensemble des scènes décrites par l’auteur ni les paroles des personnages tels que Guts ou Griffith… ».
J’ai reçu alors un coup de fil : « Les membres de son équipe de création souhaitent compléter le dernier épisode laissé inachevé par l’auteur. Pouvez-vous y jeter un coup d’œil ? » En effet, les dernières pages de cet épisode ont été restées inachevées avec des cases parfois dépourvues du personnage. À vrai dire, je pensais que c’était au-delà de leur capacité. Mais les pages que j’ai découvertes atteignaient le niveau requis pour une version « achevée » du manuscrit de l’œuvre : un effort extrêmement intense permet parfois d’augmenter miraculeusement la capacité.
« Monsieur Mori, pouvez-vous nous autoriser à le faire ? » Les disciples dont Miura était toujours fier m’ont exprimé directement leur souhait. De plus, M. Shimada, administrateur de l’édition et également maître pour Miura et moi, m’a promis : « Si vous l’acceptez, la société apportera tout soutien au projet ».
Si je le refuse, Miura m’accusera : « Je t’ai confié tout, mais tu n’as rien fait ! »
D’accord. J’assume ma responsabilité. Je rappelle ici le principe de ce projet et déclare devant les lecteurs et lectrices : j’essaie de restituer l’histoire de façon la plus détaillée que possible et uniquement les épisodes racontés par l’auteur seront publiés. Je n’y ajouterai rien. Les épisodes dont le détail n’est plus précis dans ma mémoire seront également exclus. Nous allons réaliser seulement des épisodes pouvant être reconstitués sur la base des paroles et de l’histoire que Miura m’a racontées. Naturellement, il ne s’agira pas d’une reconstitution parfaite, mais je pense ainsi être en mesure de dévoiler globalement l’histoire que l’auteur a voulu raconter. Les disciples de Miura ont de véritables talents ! Ils sont tous dessinateurs doués !
L’œuvre réalisée en absence de Miura ne pourrait pas satisfaire à tout le monde, mais je souhaite malgré tout un bon accueil chez les lecteurs et lectrices.
Merci d’avance !
Juin 2022 Koji Mori
C'est ainsi que par respect pour son ami, l’histoire ira jusqu’à l’endroit que Miura avait imaginé. Aucun changement ne sera apporté à l’histoire imaginée par Miura.
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